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Stockholm Syndrome
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27 février 2011

44-I) Quelqu'un quelque part

A la question (à l'occasion du prix des libraires 2011)  : "L'auteur est-il le mieux placé pour parler de son oeuvre ?" Victor Cohen-Hadria répond :

Non, l’auteur peut parler d’écriture ou d’intentions, mais le livre ne lui appartient pas. Il est réécrit par celui qui le lit et qui en remplit les vides. Le produit final est une combinaison entre des phrases données par l’auteur et des images produites par le lecteur.

Et puis, à certains moments on est emporté par ce que l’on écrit et on a l’impression que ce n’est pas nous qui l’écrivons. C’est pour ça que l’auteur n’est pas un bon juge, car il n’a le souvenir que de l’acte, il ne peut pas avoir le souvenir réel de l’écriture.

Extrait d'une interview lue sur le site ActuaLitté


Dimanche 27 février 2011, 08:33 - Drôle de façon de mettre un point final à la première partie des "Lettres d'une victime amnésique à son abusant mineur". Quel rapport avec mon histoire ? Est-ce que je verserais dans la littérature, après avoir rapporté des événements autobiographiques ?

- Non.

Je poursuis mes investigations. Je suis toujours à la recherche de la vérité. Vérité bien réticente à se dévoiler. Mon travail de mémoire, mes efforts de recherche, ne suffisent pas à reconstituer les faits tels qu'ils se sont produits il y a fort longtemps.

Si je cite Victor Cohen-Hadria, c'est pour cette phrase-clé, laquelle a retenu toute mon attention : Il (le livre) est réécrit par celui qui le lit et qui en remplit les vides.

C'est bien là le but ultime de mes Lettres : que mes lecteurs comblent mes trous de mémoire en remplissant les vides. Il doit bien y avoir quelqu'un, quelque part, qui se souvient de cette histoire et qui peut rapporter tout ou partie des faits qui nous intéressent.

Combien étions-nous, cette année-là, dans cette école et plus précisément dans cette cour de récréation ? On ne me fera jamais croire qu'une victime, quelle qu'elle soit, est seule au monde. Il y a toujours quelqu'un pour voir, pour savoir, autre qu'elle-même. Il y a l'auteur des faits.

L'auteur des faits peut remplir les vides.

Tu as hanté toute mon existence. Tu peux bien, maintenant, combler mes trous de mémoire. A moins que toi non plus, tu ne te souviennes pas bien de ce qui s'est passé ? A moins que tu aies tout oublié ? Pour toi c'était peut-être un jeu comme un autre. Depuis, tu as complètement arrêté de jouer. Ou bien joues-tu aujourd'hui à des jeux plus dangereux ? Comment savoir. Moi qui ne sais même pas qui tu es.

google_alertesImage issue du  blog de ptitfred (Services en ligne, webcam, 3D, google earth,  astuces, sites originaux...).  Vraiment. Puis-je croire un seul instant qu'on va m'apporter la vérité sur un plateau ? - Non. C'est pourquoi je ne compte que sur moi-même pour remplir les vides. Hier soir, j'ai lancé une demande d'envoi d'alertes à Google pour la recherche [école...] : qu'une ancienne élève dépose une photo de classe sur Copains d'Avant, ou que paraisse un article sur l'école en question, je serai au courant. Un visage, une vue des bâtiments ou de la cour de récréation, pourraient faire déclic. Il faut bien chercher de tous les côtés. J'ai le droit, j'ai besoin, de savoir. C'est mon histoire. Elle m'appartient.

Vivre avec des trous de mémoire (et pas les moindres) c'est comme se heurter à des murs invisibles, c'est comme avancer au bord du vide. C'est insupportable et c'est angoissant. Il faudrait s'y faire. Mais je n'ai jamais pu m'y résoudre. Même si ces recherches, à tâtons, dans la pénombre, ne sont pas moins angoissantes.

État dépressif. Ma santé s'en ressent.  

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