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Stockholm Syndrome
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2 février 2014

9-III) Indicible, j'ai dit

L'article ci-dessous, publié dans mon journal Le Masque de la Victime le jeudi 4 février 2010, aborde mon sentiment de culpabilité, sentiment très fort qui m'avait inspiré le 2 avril 2009 l'écriture de mon poème Indicible, j'ai dit.
 
  « Parlez tant qu’il est temps »

laccusateur

Je ne supporte pas les gens qui lavent leur linge sale en public. Alors pourquoi ce déballage me direz-vous. Pourquoi avoir choisi un Blog pour être le dépositaire de mes aveux ?
- Parce que depuis toujours il m'est plus facile d'écrire que de parler.
- Parce que je n'ai pas encore, et n'aurai sans doute jamais, la force et le courage d'en parler à mon entourage proche. J'ai peur d'engager la conversation sur ce terrain.
- Le Blog est une place publique. Ce que je n'ai pas fait il y a 40 ans, je le fais aujourd'hui : je dénonce mon bourreau sur la place publique.

Même si ses déclarations m'ont rendu la liberté, j'en veux terriblement à celle ou celui qui dénonça mon bourreau. En parlant à ma place, il me condamnait à la solitude et au silence. On a renvoyé mon bourreau : je n'ai pas eu le temps de reprendre mes esprits, de lui poser mes questions directement à lui.

A savoir : Pourquoi moi ? Comment expliques-tu que je t'aie rejoint chaque jour dans les sanitaires de l'école, à l'heure de la récréation le matin, sachant ce que tu allais me faire ?

Voilà peut-être la raison pour laquelle j'ai pleuré quand il m'a définitivement tourné le dos ce matin-là dans la cour de l'école. On l'avait reconnu coupable de violence physique à l'égard des petits. Motif erroné. Motif erroné. C'était bien plus grave que ça, quelqu'un l'a-t-il jamais su ?

Ce n'étaient pas des larmes de soulagement. J'avais peur qu'avant de partir il parle de moi. Je ne voulais pas qu'on sache ce qu'il m'avait fait. J'avais tellement honte de ce qui s'était passé. J'avais peur que mes parents souffrent en l'apprenant. J'avais peur qu'ils ne m'aiment plus.

Je me sentais coupable.
Je me sens toujours coupable.

Pour avoir accepté d'entrer dans son jeu sans mot dire et sans me défendre. Pour avoir, d'une certaine façon, par mon silence et ma soumission, donné mon consentement.
 

Dimanche 2 février 2014 - Aujourd'hui, j'affirme ne plus me sentir coupable. Quand bien même j'aurais participé de mon plein gré à ces jeux dégradants, et même si j'étais en âge d'avoir peut-être vaguement conscience de faire des bêtises, je n'avais ni la force morale ni la force physique de repousser ma (ou mon) partenaire de jeu. D'une manière ou d'une autre je n'ai fait que suivre, et ne me sens pas responsable de ce qu'on m'a fait.
Indicible, j'ai dit

 

Les témoins sont victimes / Et les victimes acteurs / De l’indicible crime
Indicible, j’ai dit
Consentement tacite / Est au fond du silence / Tire ta révérence
Amour-propre, terni
 Les victimes ont des yeux / Les témoins pas de voix / Les acteurs jouent le jeu
 De qui vivra, verra
La cendre sous le feu / Ça sent déjà le froid / C’est qu’on en meurt un peu
Chaque jour. Chaque fois
La victime est coupable / En coupable se tait / Les coupables se taisent
Ce que j’essaie. De dire
 C’est qu’on a tant souffert / Aux mains de nos bourreaux / Qu’on marchait en enfer / En portant leurs
 Flambeaux.
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