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Stockholm Syndrome
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24 février 2011

39-I) A qui je parle, là ?

Jeudi 24 février 2010, 11:22 - Bien sûr, il me vient à l'idée qu'on ne peut pas écrire ce genre de confession sans impliquer (sans compromettre) de tierces personnes et risquer de commettre bien malgré soi des dommages collatéraux. Si j'avais commis un acte répréhensible (on en commet tous un jour ou l'autre) je détesterais qu'on se mêle d'en parler à tout le monde. Quand on a fait un truc pas net on reste discret. On cherche à se faire oublier. Pour rien au monde on ne souhaiterait qu'une personne mal intentionnée ravive ce mauvais souvenir, ce vieux sentiment de culpabilité.

Je ne suis pas une personne mal intentionnée. Même si j'ai bien conscience, en écrivant ces pages, de réveiller les morts. Il n'est pas un seul jour sans que je me demande : Et si tu tombais sur ces pages ? Et si l'un de tes proches tombait sur ces pages ? Quelle serait votre réaction ? Pire : quel serait votre sentiment ?

Je n'aimerais pas être à votre place.

Mais pendant plus de quarante ans ça m'a fait beaucoup de mal d'être à la mienne. Loin de moi l'idée de prendre ma revanche et de bêtement me venger de tout le cinéma que je me suis fait dans la tête à cause de cet incident mineur survenu dans mon enfance mais quand même, il me fallait en parler, j'en ressentais le besoin de plus en plus pressant, ne serait-ce que pour dédramatiser la situation, tenter d'apprivoiser ce mauvais souvenir qui me gâche la vie. Parce qu'il est impossible d'oublier, parce qu'il est impossible de vivre sans et qu'il faut bien vivre avec, autant s'accommoder au mieux des histoires qu'on ne peut ni effacer ni même modifier.

Là, tu peux me rire au nez, froidement sarcastique, en alléguant que j'écris au coup par coup ce qui m'arrange et que je change d'avis sur la question toutes les quinze lignes et demie. Tu peux me dire que je suis moins en quête de la vérité vraie qu'à la recherche d'une version des faits qui me soulagerait un peu de mon sentiment de culpabilité. Tu peux me dire que je mélange tout : l'élève qui s'est fait renvoyer de l'école ; et ce qui m'est arrivé dans les cabinets de la même école.

Et c'est vrai que je ne sais plus même à qui je m'adresse : à toi que j'appelle Fatima, virée de l'école avec pertes et fracas ; ou bien à la camarade qui s'est amusée avec moi dans les cabinets. A moins que vous ne soyez une seule et même personne mais ça, je ne le sais pas. C'est ça que je cherche à savoir.

Alors je vais rester fidèle à l'interlocuteur auquel je m'adresse depuis la première ligne. Je vais continuer d'écrire à mon abusant mineur. C'est-à-dire : la camarade (plus âgée ou pas) qui s'amusait avec moi dans les cabinets de l'école, alors que se déclenchait à intervalles réguliers (ô combien rapprochés, saleté) la chasse d'eau automatique.

Même quand je ne suis pas en crise (comme c'est le cas ces derniers temps ; faut pas croire que tu tiennes tant de place dans ma vie) j'ai trop souvent l'impression d'y être encore (le nez dans la chasse d'eau) et qui c'était le plus froid, de l'eau ou du bourreau, qui c'était dis-moi.

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