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Stockholm Syndrome
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30 janvier 2014

1-III) Trois ans plus tard

Jeudi 30 janvier 2014, 18:00 - Hier après-midi je me cherchais une page où je puisse écrire à l'écart des blogueurs qui me connaissent et me fréquentent, à l'abri de leurs commentaires et de leurs réactions. Écrire quoi, c'est la grande question. Comme pas mal de gens je suis fatiguée en ce moment. Manque de soleil : manque d'énergie. Ça me vide un peu la tête. J'ai créé deux blogs pour passer le temps, sans savoir au juste ce que j'avais envie de mettre dessus. Puis j'ai répertorié ceux que j'avais, et j'en ai pas mal, jusqu'à cinq sur chaque plate-forme, connue ou moins connue. Je ne fais pas l'effort de les supprimer quand j'ai décidé de les déserter si bien que je pourrais ouvrir un cimetière d'épaves sur la toile. Il m'est arrivé d'en oublier certains, et de les redécouvrir avec stupéfaction.

Et puis j'ai fini par retomber sur ce blog dont l'adresse est : transcripteur.canalblog.com. A l'origine, je crois bien l'avoir ouvert pour en faire un blog photo jusqu'au jour où je l'ai complètement vidé de son contenu pour le transformer en journal intime. Et pas n'importe quel journal. Le récit d'un viol.

stockholm_syndrom

Je ne me souvenais même plus de l'avoir appelé Stockholm Syndrome. Pour autant, j'ai toujours su qu'il y avait quelque part sur la toile deux blogs évoquant cette sombre affaire de mon enfance, celui-ci, et un autre dont j'aurai l'occasion de reparler plus tard. En le retrouvant hier soir, une bouffée d'émotion m'est revenue de très loin, et j'ai tout de suite compris ce que je devais écrire.

 Image : Stockholm Syndrome by Wolf-Psalm

Parce que ce blog n'est pas vraiment un blog. Il est plus important que mon blog officiel, plus important que toute ma poésie, que toutes mes photos, plus important que tous mes échanges un peu vains avec de fidèles visiteurs virtuels. Du reste, c'est en partie pour cette raison que je me suis détournée de mon blog officiel, mon blog littéraire, qui est aussi un pur fourre-tout : du jour au lendemain, je l'ai trouvé ... vain.

On n'observera jamais assez qu'une seule lettre, une simple consonne, peut changer ... le futile en utile. Pour moi, ce blog n'est pas un blog. C'est bien plus que ça. C'est un témoignage, une reconstitution des faits, le récit d'une enquête et surtout, surtout, il représente le travail énorme que j'ai fait sur moi-même en 2010-2011. Travail sur ma mémoire et sur mon traumatisme, qui me laissait bien souvent comme hébétée, sans défense, et le cerveau lavé.

Mais le travail a porté ses fruits : j'ai réussi à exorciser plus de quarante ans de souffrance et de silence. Je ne pense plus guère à ce que j'ai peut-être subi dans mon enfance. Même si ma vie sentimentale reste un désert de pierres, encore plus depuis que mon ami est décédé fin novembre 2010. Même s'il me semble que je ne pourrai jamais vraiment me lier à quelqu'un, du moins, jamais avoir de rapports normaux avec quelqu'un, que ce soit un homme ou une femme. Ça fait dix ans maintenant que je n'ai personne dans ma vie. Et je ne sais toujours pas si je préfère les hommes ou les femmes, et si je peux entretenir avec des relations autres que sadomasochistes.

Le travail que j'ai fait sur moi-même a crevé un abcès. C'est là le premier résultat. Le second ... est bien plus ambigu que je ne saurais le dire. En faisant le deuil de mon abusant mineur, en oubliant son regard et ses faits et gestes, en me libérant de son emprise à des années de là, j'ai sans doute aussi perdu quelque chose de fondamental, peut-être ce qui faisait ma différence, ma force et ma fragilité. Mon abusant mineur, la relation brutale et sombre que nous entretenions en cachette, m'ont inspiré bien des romans, bien des poèmes - poèmes que je publierai ici au coup par coup parce qu'ils font partie de ce journal intime.

Intime, allez-vous me dire ... Où donc est l'intimité dès qu'on se connecte au Net pour raconter sa vie. Eh bien ... je reconnais qu'il m'aurait été plus difficile de prendre une pile de pages blanches, ou un cahier, pour exprimer mon mal-être et toutes les questions qui me cassaient la tête. C'est quelque chose, je crois, que je ne pouvais pas faire en solitaire, contrairement à ma littérature qui se pratique en coupant les ponts avec le monde extérieur. Il me fallait, et il me faut encore, pour cette écriture-là particulière qui me vient tout droit des viscères, croire, espérer, qu'on me lit. J'écris ce journal sur le Web dans l'espoir secret (pas si secret que ça au fond) que quelqu'un se reconnaîtra dans mon histoire, que quelqu'un, venant à la rencontre de ma mémoire, s'apercevra qu'il a les mêmes souvenirs que moi.

Et pour l'inspiration ... mon abusant mineur a déserté mes poèmes et mes romans. C'est comme s'il était mort. Il est mort en moi à la seconde même où j'ai abandonné ce blog. Mais moi je suis en vie. Et j'ai encore besoin de parler.

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